L'art du forgeron au savoir-faire du garagiste.

Le forgeron et le garagiste se côtoient au musée Marius-Barbeau
Par Lynda Cloutier

Qu'ont donc en commun le forgeron et le garagiste? Pendant plusieurs générations, le forgeron du village au Québec fut un personnage indispensable pour sa communauté. Son avenir paraissait sans limites.Or, l'avènement de l'ère industrielle l'obligea à se recycler en devenant notamment garagiste.

Dans cette perspective historique, le musée Marius-Barbeau présente jusqu'au 31 décembre 2006 une toute nouvelle exposition qui s'intitule L'art du forgeron au savoir-faire du garagiste.

L'usage du feu dans le but de transformer la matière remonte à des temps immémoriaux. Or, c'est aux alentours du 14e siècle en France que le forgeron prit de plus en plus d'importance quand la pose des fers à cheval devint une règle.

En Nouvelle-France, c'est en 1603 qu'on voit s'installer le premier forgeron; il avait élu domicile en Acadie. Puis en 1629, une première forge opérationnelle a vu le jour à Québec.

Pendant plusieurs générations, ces maîtres du feu furent fort occupés. Ils réalisaient une foule d'objets nécessaires aux habitants de leur village. Clous à tête carrées, marteaux, truelles, bêches, crochets, patères, girouettes, croix faisant office de monuments funéraires faisaient partie de la panoplie de leurs réalisations.

Les forgerons ne connaissaient pas de répit. Pourtant, ce métier artisanal devait entamer sa première période de déclin vers 1850. La fonte coulée commença à remplacer le fer forgé. Puis la mécanisation fit en sorte que le forgeron fut de plus en plus déclassé.

Survivre à un nouveau contexte social impliquait que le forgeron devait changer son fusil d'épaule. C'est ainsi que certains devinrent garagistes.

Si une bonne partie des outils de forge exposés au Musée ont été prêtés par M. Yvon Saint-Hilaire de Saint-Joseph, M. Henri Nadeau de Vallée est pour sa part l'un de ceux qui a largement contribué à présenter le travail des premiers garagistes. Il a cédé au Musée plus de 500 objets reliés à la mécanique automobile. «Mon frère que tout le monde appelait P.A. avait exercé le métier de mécanicien à Vallée, Sainte-Marie, Lévis et à la Baie James», relate-t-il.

P.A.qui est décédé en 2 000 ne s'est donc pas seulement contenté d'exerver son métier; il a aussi ramassé plusieurs outils. Certains ont été conçus il y a environ 100 ans. M. Nadeau qui connaît bien l'outillage de son défunt frère fait remarquer: «On peut avoir une idée de la date de fabrication de certains items. Avant la crise, on retrouvait souvent des motifs décoratifs sur les outils.» D'autres éléments qui se retrouvaient au garage comme les calendriers ou les appareils radio meublent aussi cette expo. M. Nadeau a même déniché la pièce manquante de l'un de ces appareils qui était devenu muet. «Aujourd'hui, il joue», dit-il.

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